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Sylvain



 
 
 

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20.12.04
 
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Arkadi et Boris Strougatski : cycle de la Forêt.
1
: « La forêt » in "Le livre d'or de la Science-fiction soviétique" (Presses Pocket n°5174, 1984), une anthologie réunie et présentée par Leonid Heller, texte traduit du russe par Anne Coldefy-Faucard, publication originale datant de 1966.
2 : « L’escargot sur la pente », éditions Champ Libre (1972), traduit du russe par Michel Pétris, publication originale datant de 1968.

« Sans aucun doute "L’escargot sur la pente", dans sa version intégrale, est l’un des livres les plus importants de la S.F. soviétique, mais aussi de la littérature russe des années soixante. »
Leonid Heller in "Le livre d'or de la Science-fiction soviétique" (op. cit., page 193).

Les deux textes dont il sera question ici ont été publié sous le même titre de « L’escargot sur la pente ». Le premier date de 1966 et a été publié dans un recueil de nouvelles de différents auteurs. Le deuxième a été publié en 1968 dans la revue « Baïkal » et des sanctions ont été prises par la suite contre la rédaction qui avait osé l’éditer. Cela explique peut-être que le deuxième texte ait été rapidement connu en Occident alors que le premier n’a été traduit en français qu’en 1984.
J’ai déjà dit tout le bien que je pensais des frères Arcadi et Boris Strougatski en tant qu’auteurs de Science Fiction. Les deux « escargots sur la pente » sont cependant un peu différents en ce sens que l’on affaire plus à des textes métaphoriques et satiriques plutôt que de Science Fiction à proprement parler.

« Candide longea la chaîne, se penchant pour détailler les visages inclinés. Il trouva enfin la Poigne, lui toucha l’épaule, et la Poigne, aussitôt, sans poser de questions, s’écarta du sillon. Sa barbe était maculée de boue.
- Et pourquoi, nom d’un poil au nez, te permets-tu de toucher les gens? râla-t-il, en contemplant les pieds de Candide. J’en ai connu un, nom d’un poil au nez, qui touchait les gens comme ça, tu sais ce qui lui est arrivé ? On l’a pris par les mains et par les pieds et balancé sur un arbre, il y est encore, le gars, et le jour où on le décrochera, nom d’un poil au nez, il ne pourra plus toucher personne... »

in « La forêt », pages 205 et 206.

1 : Candide, qu’on appelle aussi le Taiseux habite un village au milieu de la forêt. Il est arrivé un beau jour d’on ne sait trop où et souffrant d’amnésie. Il a été confié à Nava une jeune femme elle aussi étrangère au village. Depuis, ils sont considérés comme mari et femme par les villageois. Les habitants portent des surnoms plutôt imagés comme le Bavard, la Queue ou le Bancal. Ils ont tendance à constamment répéter la même chose, l’un passe son temps à expliquer qu’il y a des choses qui ne se font pas et un autre ne pense qu’à se rendre aux Fourmilières. Ils semblent peu intelligents mais heureusement la nourriture pousse facilement et le chef du village, le staroste organise le travail. Un danger cependant se cache dans la forêt : les « morts-vivants », des sortes de robots vivants qui tentent d’enlever les femmes du village à chaque fois qu’ils le peuvent...
Candide a un projet : il veut partir pour la Ville mais il ne sait pas exactement où elle est située ni quand il partira. Un jour, il se décide quand même à partir, et suivi de Nava, il rencontre d’autres habitants de la forêt : les Amies. Ce sont des femmes dont les buts restent mystérieux. Elles ont leur propre langage et se reproduisent par parthénogenèse. Il y a longtemps, elles utilisaient et dirigeaient les villageois mais elles se sont aperçues qu’elles pouvaient s’en passer et depuis elles les ignorent sauf pour envoyer les « morts-vivants » enlever les femmes. Les Amies maîtrisent d’autres technologies mystérieuses comme le « nuage mauve » qui « rend vivant ce qui est mort et mort ce qui est vivant ». Elles modifient aussi facilement la forêt en faisant apparaître un marais là où il y avait auparavant un village...
Candide n’arrivera jamais à la Ville mais il rapportera de cette aventure un scalpel qui lui servira désormais à protéger les villageois des morts-vivants.
Cet excellent texte se lit avec grand plaisir. L’imagination des Strougatski est impressionnante et les villageois tels qu’ils nous les décrivent sont presque des extra-terrestres tellement leur conduite est étrange bien que finalement cohérente. Le style toujours un peu elliptique des auteurs fait ici merveille.

2 : Dans le roman « L’escargot sur la pente », la forêt est toujours présente mais le lieu de l’action s’est déplacé car le principal protagoniste fait partie de l’Administration chargée d’étudier et de gérer la forêt. Le « héros », Perets, est linguiste et a été embauché pour l’étudier bien qu’il n’ait pas l’autorisation de s’y rendre...
Les bâtiments de l’Administration sont situés sur un piton rocheux dominant la forêt qui s’étend jusqu’à l’horizon. Perets ne cesse de se heurter à la logique administrative pendant tout le roman d’où une impression de non-sens et d’absurde. L’un des passages les plus réussis est le moment où le Directeur fait une communication téléphonique à l’ensemble des employés de l’Administration (page 64 et suivantes). Perets a du mal à distinguer de quoi parle le Directeur car l’appareil qu’il porte à son oreille n’est pas le sien...
Ce roman est une dénonciation du pouvoir bureaucratique qui par nature engendre l’inefficacité, l’arbitraire et tend à transformer les êtres humains en machines. De plus ,la bêtise et l’alcoolisme se conjuguent pour rendre supportable la situation. Sans raison explicite, Perets finira par devenir lui-même Directeur et comprendra qu’à son nouveau poste, il doit donner des directives, peu importe lesquelles. Il donnera donc l’ordre aux membres du « Groupe de l’Eradication » de s’éradiquer eux-mêmes.
Roman sombre, « L’escargot sur la pente » montre que les Strougatski n’étaient pas dupes du système communiste dans lequel ils vivaient. S’ils ont dû parfois donner des gages au régime pour pouvoir continuer à publier, il est clair que chaque fois qu’ils l’ont pu, ils ont pris leurs distances avec lui.

Pendant une dizaine d’années, de la fin des années 50 à la fin des années 60, les écrivains soviétiques ont profité d’une relative liberté de parole qui a contrasté avec la période précédente marquée par le pouvoir de Staline et avec la période suivante inaugurée par une reprise en main générale à partir de 1969. D’autres livres des Strougatski subiront les foudres de la censure : les romans « La troïka » et « Les mutants du brouillard » écrits les mêmes années que « L’escargot sur la pente » seront interdits en URSS jusqu’à la chute du régime communiste. Pendant la « glaciation » brejnévienne, les Strougatski choisiront d’écrire des romans toujours intéressants mais moins dérangeants pour le régime plutôt que d’être contraints d’émigrer...

Sylvain

« - Tout homme est un génie en quelque chose, répliqua le secrétaire adjoint. Il faut seulement trouver ce qu’il y a de génial en lui. Nous n’en avons pas l’idée, mais je suis peut-être un génie de la cuisine et toi, mettons, un génie de la pharmacie, mais ce ne sont pas nos occupations et nous montrons mal ce qu’il y a en nous. Le Directeur a dit qu’à l’avenir il y aura des spécialistes qui s’occuperont de ça, qu’ils chercheront à découvrir nos virtualités cachées.
- Tu sais, les virtualités, ce n’est pas quelque chose de très clair. Je ne dis pas le contraire, peut-être qu’il y a réellement du génie en chacun de nous. Mais que faire si ce génie ne peut trouver à s’appliquer que dans un passé reculé ou un futur lointain, alors que, dans le présent, il n’est même pas considéré comme du génie, que tu l’aies manifesté ou non ? C’est bien, évidemment, si tu te révèles un génie de la cuisine. Mais comment reconnaîtra-t-on que tu es un cocher de génie, Perets un tailleur de pointes de silex de génie, et moi le génial découvreur d’un champ X dont personne ne sait rien et qui ne sera connu que dans dix ans... C’est alors, comme disait le poète, que se tournera vers nous la face noire du loisir... »

in « L’escargot sur la pente », page 106.

Références :

- Critiques de « Coeur de chien » de Mikhail Boulgakov et de « L’escargot sur la pente » d’Arcadi et Boris Strougatski par Jean-Pierre Andrevon in Fiction n°233 (mai 1973).
- « De la science-fiction soviétique, par delà le dogme, un univers » par Leonid Heller (éd. L’Age d’Homme, col. Outrepart, 1979), pages 182 et 187 à 189.
- « Les mondes parallèles de la science-fiction soviétique » par Jacqueline Lahana (éd. L’Age d’Homme, col. Outrepart, 1979) pages 85 à 90.
- « Pour une approche de la Science Fiction soviétique » par Jacqueline Lahana in fanzine « SFère » n°6 (juillet 1983). Plusieurs numéros de ce fanzine-phare du début des années 80 peuvent être téléchargés ICI, notamment le numéro 6.

Liens :

- Le texte de « L’escargot sur la pente » est disponible en français et en ligne : ICI.

- Ma présentation de deux autres romans des frères Strougatski : "La seconde invasion des Martiens" et "L'île habitée".

- Les livres des frères Strougatski disponibles en russe sont ICI.



 

 
   
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