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Sylvain



 
 
 

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15.4.05
 
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Georges Panchard : « Forteresse ».
Editions Robert Laffont, collection « Ailleurs et Demain » (2005).

Ce livre est un événement. Il y avait tout juste vingt ans que la collection « Ailleurs et Demain » n’avait pas édité d’oeuvre d’un auteur français ou francophone. Le manuscrit de « Forteresse » a d’abord été retenu par la maison d’édition « Imaginaire sans frontière » qui a fait faillite entre temps. Ce n’est qu’ensuite que les éditions Laffont ont décidé de l’éditer.
Georges Panchard est suisse. Dans la vraie vie, il est juriste à l’Office fédéral de l’aviation civile à Fribourg en Suisse. Peu connu comme auteur de Science Fiction il n’a publié que quelques nouvelles avant « Forteresse », son premier roman.

L’histoire se passe en 2039. Adrian Clayborne dirige le service de sécurité de la « Haviland Corporation », une multinationale « high tech ». Un jour, il apprend que Brian Mannering, son président, est sous la menace d’un attentat, opération dont les commanditaires lui sont inconnus mais dont le nom de code est « Ghost », « Fantôme ».
Clayborne apprend bientôt qu’un système électronique rendant indétectable celui qui le porte a été volé dans un laboratoire de recherche suédois et en même temps, le président Mannering se trouve une nouvelle maîtresse...
La trame de l’histoire est donc l’enquête que mènent Clayborne et ses employés pour empêcher l’attentat d’avoir lieu et de réussir. Parallèlement, une série de flash-back nous raconte les derniers mois de la vie de Lyndon Mitchell, un peintre spécialisé dans les sujets religieux vivant à Oklahoma City. Ce n’est qu’à la fin du livre que le rapport avec la Haviland Corp apparaîtra.

La forme du récit est « éclatée ». Les différentes « lignes narratives » s’entremêlent sous forme de chapitres de moins de dix pages datés et numérotés. Cela est très bien pensé et réalisé par l’auteur et la lecture se fait aisément dans une ambiance plus « thriller » que Science Fiction « classique ».
Le monde du futur proche décrit par l’auteur et dont les détails apparaissent peu à peu à la lecture est également très intéressant. Dans une des périodes précédant le récit, l’Europe a été victime de la « Correction politique » (page 28). Il s’est agit d’une idéologie prônant l’ouverture des frontières à tout va, le relativisme culturel, l’abaissement des valeurs « occidentales ». Impossible de ne pas reconnaître dans cette « Correction culturelle » le « politiquement correct », au sens propre, de gauche qui domine aujourd’hui les médias et des secteurs importants des sociétés européennes comme le monde de l’enseignement. Cette période a débouché en Europe sur une guerre civile contre les populations musulmanes d’origine immigrée. Cette guerre civile a été gagnée par les « Occidentaux chrétiens » et les musulmans d’Europe ont été exterminés ou chassés, on ne sait pas trop. Georges Panchard va très loin dans cette direction puisque une place milanaise porte le nom d’Oriana Fallaci (page 230), femme écrivain italienne venue de la gauche et dont des pamphlets racistes ont été récemment publiés (« La rage et l’orgueil » par exemple chez Plon en 2002). Depuis la fin de la guerre civile, l’Europe s’est dotée d’une barrière infranchissable qui empêche les habitants des pays musulmans de passer, le système Durandal (page 120, "Durandal" du nom de l'épée du héros dans la "Chanson de Roland"). L'auteur se moque au passage d'une communauté social-démocrate établie en Suède qui tente de faire vivre l'héritage d'Olaf Palme : par exemple, les jouets sont contrôlés et si des enfants sont en contact avec des petits soldats, on les envoie immédiatement faire une psychothérapie...
Pendant les périodes de troubles de la Correction et de la guerre civile, les Etats européens se sont affaiblis et les entreprises privées sont devenues quasiment autonomes. A l’époque où le roman se passe, la stabilisation politique permet un réveil étatique que l’auteur semble approuver (page 84).

De l’autre côté de l’Atlantique, les Etats-Unis ont connus une révolution religieuse qui a provoqué l’éclatement du pays. D’un côté une théocratie, l’Union des Etats bibliques américains ; de l’autre la Californie et l’Etat de New-York qui ont refusé le nouveau régime et sont devenus indépendants. Une particularité des Etats bibliques est que les neuf dixièmes des habitants sont obèses et utilisent des youpalas pour se déplacer. La population semble cependant commencer à se lasser de cette dictature religieuse (sur le même thème, on pourra lire avec profit « Révolte en 2100 » de Robert Heinlein)...
Lorsque les religieux ont pris le pouvoir aux Etats-Unis, les dirigeants de la Haviland Corporation ont décidé de refuser de collaborer et l’ensemble de l’entreprise a quitté le territoire américain et son siège a été fixé en Andalousie. C’est ainsi que les dirigeants des Etats bibliques sont devenus des ennemis acharnés de la Haviland Corp dont deux des présidents ont déjà été assassinés.

En matière de religions, Georges Panchard n’oublie personne puisque les Juifs eux-mêmes sont divisés en deux fractions qui se combattent (sauf sur le territoire israélien !) par attentats interposés (page 43 par exemple).
Tout cela est très bien fait et la lecture de ce roman est très prenante. Georges Panchard sait ajouter les petits détails qui font vrais et ce qu’il faut de réalité virtuelle et de manipulations génétiques pour rendre crédible un récit du futur proche. Même si l’explication finale est en fait invraisemblable, on marche et j’ai pris beaucoup de plaisir à la lecture de ce roman.

D’un point de vue idéologique, « Forteresse » a fait grincer quelques dents et certains commentateurs ont été « un peu » gênés par ce qu’ils ont lu dans ce roman (voir plus bas, les « liens »). En fait, Georges Panchard exprime une vision conservatrice du monde. En utilisant les conceptions exprimées par Friedrich Hayek dans son célèbre texte « Pourquoi je ne suis pas un conservateur », on peut le démontrer. Reprenons quelques élément de l’arrière-plan social et politique de « Forteresse ».
Tout d’abord, l’immigration musulmane est décrite dans ce roman comme une invasion qui menace l’Occident et le christianisme et seule la violence apparemment permettra de résoudre ce problème. Pour un libéral, à la limite l’Islam n’existe pas. Seuls existent des millions de personnes dont certaines se disent musulmanes et ce que l’une de ces personnes fait (ou ne fait pas) ne peut servir à condamner ou à opprimer d’autres personnes qui partageraient certaines croyances religieuses avec elle. On ne peut concilier responsabilité individuelle et responsabilité collective, liberté de conscience et stigmatisation de certaines personnes en raison de leur origine ou de leurs croyances religieuses, il faut choisir.

Par ailleurs, Georges Panchard aime l’Etat. Il croit que son affaiblissement conduit au chaos et que les entreprises privées ont besoin d’être encadrées et surveillées sinon, elles se font la guerre et oppriment la population. Il imagine qu’après la guerre civile, les politiciens seront différents de ceux l’ayant précédée mais il se garde bien de nous les montrer en action dans son roman... Je vois dans cette méfiance à l’égard des entreprises privées (donc en fait à l’égard de la liberté économique) et dans ce culte de l’Etat la contamination inéluctable d’une pensée conservatrice par des idées socialistes : l’individu doit s’effacer derrière le groupe et peut lui être sacrifié si les dirigeants éclairés (sic !) le commandent. Alors que le problème pour les libéraux est l’organisation de la limitation du pouvoir qui par définition est oppresseur, les conservateurs comme les socialistes se préoccupent surtout du contrôle de ce pouvoir pour leur propre compte, pouvoir qu’ils utilisent pour imposer par la force leurs idées. Comme la pensée conservatrice est forcément sans principes fermes et finalement sans morale, elle ne sait pas où elle va au contraire de la pensée libérale qui s’appuie sur des valeurs et des principes solides.
Un détail intéressant : les armes sont en vente libre dans l’Europe future de « Forteresse ». Faut-il y voir un reflet du fait que l’auteur est suisse et donc moins méfiant à l’idée d’une défense personnelle que les Français (comme disait A.E. Van Vogt dans « Les armureries d’Isher » : « Etre armé, c’est être libre »...) ?

Quoi qu’il en soit, ne boudons pas notre plaisir. « Forteresse » est très bien construit et écrit, il se lit sur le moment avec beaucoup de plaisir. Et puis les romans de Science Fiction conservateurs ne sont pas si nombreux...

Sylvain

Liens :

- Une présentation de ce roman par Gilles Ferragu ICI.

- Une autre critique parue dans le quotidien suisse « Le Temps » par Nicolas Dufour ICI.

- Enfin, une critique signée K2R2 mise en ligne sur le site du « Cafard
cosmique » ICI. L’auteur réussit l’exploit de reconnaître les qualités de « Forteresse » et de dire son malaise devant l’idéologie qui transparaît dans ce roman (même si cela finalement « n’a que peu d ’importance » dit-il) sans mentionner justement les détails qui fâchent et sans dire un mot de la guerre civile entre « chrétiens » et musulmans sur laquelle Georges Panchard revient quand même plusieurs fois. La critique du quotidien Libération réussissait le même exploit de passer sous silence ce « détail » important du livre.

Extrait :

"Comme ce parlementaire de Crémone, Italien pur sucre et chrétien pratiquant, auteur d'un projet de loi selon lequel tout immigré commettant un crime sur le territoire national devait bénéficier d'une peine réduite du seul fait de son déracinement culturel. Vachement humaniste. Six semaines après la fin du conflit, des combattants occidentaux l'avaient égorgé près de chez lui. Gianna, comme à peu près tous les flics de la péninsule, savait que ses collègues chargés de l'enquête avaient trouvé assez de preuves pour identifier les coupables et les avaient consciencieusement détruites."
"Forteresse", page 83.

Citation :

"Le conservatisme peut, par sa résistance aux tendances prédominantes, ralentir une dérive indésirable, mais il ne peut empêcher que la dérive persiste, puisqu'il n'indique aucun autre chemin. C'est pour cela que son destin a été d'être entraîné invariablement sur une route qu'il n'avait pas choisie. La lutte entre conservateurs et progressistes peut affecter la vitesse, mais non la direction des évolutions contemporaines. Et même s'il faut bien un « frein sur le véhicule du progrès », je ne puis pour ce qui me concerne me contenter d'actionner le frein. Ce que le libéral doit se demander essentiellement, ce n'est pas à quelle vitesse et jusqu'où nous devons aller, mais où nous voulons aller. Il diffère en fait du « radical » collectivisant d'aujourd'hui bien davantage que le conservateur. Alors que ce dernier adhère généralement à une version adoucie et modérée des idées à la mode de son temps, le libéral doit lutter contre certaines des conceptions fondamentales que la plupart des conservateurs partagent avec les socialistes."
Friedrich Hayek, « Pourquoi je ne suis pas un conservateur ».

 

 
   
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