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Stanislas Lem : « Retour des étoiles ».
Editions Denoël, col. « Présence du futur » n°288 (1979 et 1994).
Titre original : « Powrót Z Gwiazd » (1961).
Traduit du polonais par Michel de Wieyska.
Stanislas Lem est né en 1921 à Lvov en Pologne. Après avoir fait des études de médecine, il commence à publier des romans de Science Fiction au début des années cinquante. Ses oeuvres ont été traduites dans le monde entier et il est l’auteur d’un classique de la SF adapté deux fois au cinéma : « Solaris ». Il vit aujourd’hui en Autriche.
Dans « Retour des étoiles », Stanislas Lem raconte la vie du cosmonaute Hal Bregg après son retour sur Terre à l’issue d’une expédition spatiale qui l’a emmené à vingt-trois années-lumière de notre planète. Pour lui et ses compagnons le voyage a duré dix ans mais sur Terre, cent vingt-sept années se sont écoulées. La société terrienne a bien sûr changé et l’auteur raconte la confrontation entre un homme qui nous ressemble beaucoup et une société futuriste très étrange.
La principale étrangeté de cette société est que tous les individus sont « bettrisés » alors qu’ils sont encore des enfants. La « bettrisation » est une intervention chimico-biologique sur le cerveau (pour des raisons bien compréhensibles l’auteur entre peu dans les détails) qui diminue de façon très importante l’agressivité naturelle de l’être humain. Les nouvelles générations sont « gentilles » et ne peuvent tout simplement pas « penser » le mal ni la violence. Mêmes les opérations chirurgicales sont difficiles à faire pour les êtres humains et ce sont donc des robots qui s’en chargent. Les hommes sont constamment sous contrôle et les normes sociales veulent qu’ils absorbent régulièrement des substances calmantes. A côté de ça, le développement intellectuel et émotionnel des hommes et des femmes semble normal.
Dans ce monde futur, la prospérité est générale et tout est gratuit car les robots et les machines assurent l’essentiel de la production, seul le « superflu » doit être acheté. Certains robots semblent avoir atteint un niveau de conscience et d’intelligence comparable aux êtres humains mais il s’agit d’une des zones d’ombre de cette société car les hommes ne semblent pas s’en être aperçus (chapitre 4)...
De la même façon, il existe des substances qui annihilent ou atténuent fortement l’effet de la bettrisation (chapitre 4 toujours). On se doute bien qu’il y a un marché noir pour ces substances interdites...
Stanislas Lem propose avec ce roman une utopie ambiguë car les conséquences de la bettrisation sont importantes. Peu de curiosité, l’exploration spatiale a été abandonnée, les couples durent peu de temps et avoir un enfant est soumis à autorisation. Pas de guerre, pas de violence, mais...
Lem ne défend pas les innovations sociales qu’il met en scène dans son roman. « Retour des étoiles » est en cela (mais pas seulement en cela) bien supérieur au roman d’A.E. Van Vogt
« Le colosse anarchique » qui présente lui aussi une « utopie technologique ».
En conclusion, voici un remarquable roman très innovant à son époque et qui se lit toujours avec beaucoup de plaisir et d’intérêt. Stanislas Lem a su élaborer une interrogation politique qui n’étouffe pas le récit (le premier chapitre qui raconte l’arrivée de Hall Bregg sur Terre est remarquable) et la fin ouverte aurait bien méritée une suite...
Sylvain
Référence :
- « Réflexions sur ma vie » par Stanislaw Lem in « Provocation », éd. du Seuil (1989).