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Urgesat ! Science Fiction

 
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Sylvain



 
 
 

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24.2.04
 
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Histoire de la Science Fiction en France : c'était la première fois qu'on utilisait le terme "science-fiction" en français...

Je mets en ligne un article de Claude Elsen qui est paru dans le « Figaro littéraire » du samedi 8 avril 1950. A cette date, aucune collection spécialisée dans la Science Fiction n’existe encore en France bien qu’un projet soit lancé par Michel Pilotin aux éditions Gallimard.
Il s’agit du premier texte publié dans lequel apparaît en français le terme « science-fiction »...
La suite est ICI.

Sylvain

15.2.04
 
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Neal Stephenson : "Le samouraï virtuel"
Editions Laffont, collection Ailleurs et Demain (1996).
Réédition : Livre de Poche n° 7221 (2000).
Edition originale : « Snow Crash » (1992).
Traduction : Guy Abadia.
(Merci à Clément J.)

« Hiro se rapproche de manière à bien voir l’un des cubes bleus à travers l’enchevêtrement de câbles. Sur chacune de ses six faces, il y a une étoile blanche.
- C’est le gouvernement des Etats-Unis, murmure Juanita.
- Le cimetière des hackeurs, où ils se rendent au moment de mourir, réplique Hiro.
Le plus gros mais le moins efficace des producteurs de programmes informatiques du monde. »

« Le samouraï virtuel », éd. Laffont page 391.

Hiro Protagoniste est programmeur réputé et livreur de pizza dans le monde réel. Il est aussi un des créateurs du Métavers, un gigantesque univers virtuel auquel plusieurs millions de personnes peuvent se connecter. Dans les deux mondes, il est le meilleur dans les combats au sabre japonais.
Un jour il rencontre Y.T., une jeune femme de 15 ans qui est kourière c’est-à-dire que son travail est de transporter en planche à roulette du XXIè siècle lettres et paquets pour qui le lui demande.
Tout deux vont s’attaquer aux trafiquants d’une nouvelle drogue le « Snow Crash » qui commence à faire des ravages aussi bien dans le monde réel que dans le monde virtuel...

Roman relevant du sous-genre appelé « Cyberpunk », « Le samouraï virtuel » est incontestablement une réussite. Neal Stephenson réussit notamment à amalgamer des concepts qui a priori n’avaient vraiment aucune chance de se rencontrer.
Les deux grandes idées de son roman sont l’univers virtuel que nous décrit l’informatique d’une part et les connaissances que nous avons de la civilisation sumérienne, première civilisation à avoir inventé l’écriture, d’autre part.
Le point de rencontre de ces deux idées est la notion de virus aussi bien biologique qu’informatique. Il serait dommage d’en dire plus car ce roman est une sorte d’enquête policière qu’il ne faut pas déflorer...

En revanche, je voudrais insister sur certains éléments du « monde réel » décrit dans ce roman qui me semblent intéressants.
Tout d’abord, sur la place occupée par le gouvernement américain. La plus grande partie du territoire lui échappe désormais mais l’oppression est d’autant plus féroce sur ses propres employés car si le nom du Président est inconnu du grand public, il existe toujours un embryon d’administration. La mère de Y.T. travaille d’ailleurs pour le gouvernement et quelques pages du roman lui sont consacrées. Quand elle s’est engagée au service du gouvernement des Etats-Unis, elle lui a donné tous les droits sur sa vie. Sa maison est truffée de micros et de caméras espions et elle est ainsi espionnée 24 heures sur 24. Elle doit respecter une réglementation kafkaïenne et changeante et elle passe régulièrement au détecteur de mensonges. Un exemple excellent de nouvelle réglementation concernant l’utilisation du papier toilette est d’ailleurs donné dans le chapitre 37.

Autre élément qui a d’ailleurs beaucoup choqué certains commentateurs (1) : l’image positive donnée de la Mafia. Sous la direction de tonton Enzo, la Mafia gère un certain nombre de territoires autonomes et se comporte comme une entreprise soucieuse de la satisfaction de ses clients et de ses employés.
Car si le gouvernement est presque inexistant, la place a été prise par des entités autonomes privées : les « franchulats » et les « banlises ». Un franchulat est un territoire indépendant qui respecte ses propres lois et qui fait partie d’un réseau franchisé. Deux des franchulats les plus importants du « samouraï virtuel » sont le « Grand Hong Kong de Mr Lee » et la « Nouvelle-Sicile » de la Mafia. (2)

Evidemment, dans ce monde libertarien, les fonctions de police sont assurées par des entreprises privées comme « MétaFlics Unlimited », « WorldBeat Security » ou les Exécuteurs...

Je regrette quand même un peu qu’on n’en sache pas plus sur la vie quotidienne des gens « normaux » dans le monde imaginé par Neal Stephenson...
En l’état, le « samouraï virtuel » est un grand roman à l’action trépidante voire frénétique, bourré d’humour et plein de rencontres hautement improbables. Et ça marche !

Sylvain

Notes :

(1) : Voir par exemple le compte-rendu conformiste et politiquement correct de Pascal Thomas ICI.
(2) : Il ne faut pas oublier que cette idée d’une « bonne » Mafia prenant le pouvoir à la place du gouvernement américain avait déjà été utilisée par Cyril M. Kornbluth en 1953 dans son roman « The Syndic » (traduction française parue chez OPTA en 1977 sous le titre « Le Syndic », CLA n°66). Voir ICI. Je suis persuadé que Neal Stephenson connaît ce roman.



Quelques mots sur « L’âge de diamant » du même auteur :

L’univers de « L’âge de diamant » (« The Diamond Age » en VO) ressemble un peu à celui du « samouraï virtuel ». Moins d’informatique cependant et plus de nanotechnologies. Une invention remarquable : une sorte de super livre électronique interactif qui reconnaît sa propriétaire et la guide, lui apprend à lire et l’éduque...

Ce qui m’intéresse ici, c’est que Neal Stephenson explique brièvement pourquoi les Etats-nations tels que nous les connaissons se sont effondrés. Dans « L’âge de diamant », en effet, les Etats n’existent plus du tout et les gens se regroupent volontairement en « phyles » qui se définissent par une culture et des valeurs qui leur sont propres.
Au coeur de cette révolution : la collecte des impôts ou plus précisément sa fin. Le réseau médiatique qui est décrit dans le roman est d’une certaine façon Internet dans le futur. Il a été conçu pour permettre la confidentialité et la sécurité des utilisateurs afin qu’ils puissent effectuer des transactions financières. Ce système a été tellement efficace que les gouvernements n’ont bientôt plus eu la possibilité de continuer à extorquer taxes et impôts à la population. Apparemment, il ne s’est pas trouvé assez de volontaires pour payer les « services » de l’Etat et celui-ci n’a plus eu qu’à disparaître...
La société libre libertarienne adviendra-t-elle grâce à la technologie ?

Sylvain

Référence :
« L’âge de diamant », éditions Rivages, collection « Futur », page 283 (1996 ; réédité au Livre de Poche en 1998).

 

 
   
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