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11.5.03
 
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Johan Heliot : « La Lune seule le sait »
Ed. Mnémos (2000)

Il est courant dans le fandom français d’affirmer que la Science Fiction est nécessairement « de gauche »(1). En général, ce genre littéraire se voit sommé de réfléchir sur les insuffisances supposées de notre société et est condamné à imaginer des solutions utopiques imaginaires. Les textes critiques envers la société actuelle sont donc forts nombreux. On ne compte plus les anti-utopies ou les récits apocalyptiques racontant la fin ou la destruction de notre monde sur fond de pollution généralisée ou de surpopulation (2). Cet imaginaire apocalyptique a certainement beaucoup contribué à populariser des idées très répandues désormais dans le grand public.

Mais on aimerait aussi de temps en temps lire des ouvrages optimistes qui nous aideraient à réfléchir sur la construction d’un monde meilleur. Là, il faut bien le reconnaître, les textes sont beaucoup plus rares. Concrètement, les auteurs de Science Fiction modernes ont été incapables de décrire une société socialiste ou une utopie « de gauche » crédible. On trouve quelques textes russes de l’ère soviétique qui prétendent contre toute évidence que l’avenir appartient au socialisme (3) et des textes français d’écrivains se revendiquant de l’extrême-gauche, en général très mal écrits et donnant une image sinistre et glauque de la révolution (4). Quelques auteurs anglo-saxons se sont aussi lancés dans l’aventure avec des résultats passablement ambigus (c’est le terme même utilisé par Ursula K. Le Guin pour qualifier l’utopie anarchiste décrite dans son roman « Les dépossédés »).

Les seuls à s’être frottés à ce désir d’utopie et à avoir élaboré quelque chose d’intéressant sont finalement des auteurs plutôt classés « à droite ». Je ne reviendrai pas sur le roman « Révolte sur la Lune » mais je mentionnerai du même Robert Heinlein « Citoyen de la galaxie », un roman qui était une réponse en 1956 à la constatation de l’anthropologue Margaret Mead que la Science Fiction moderne ne proposait plus d’utopies. Il y a également des textes de Cyril M. Kornbluth et d’Eric Frank Russell non dénués d’intérêt.

Un roman français récent a beaucoup fait parlé de lui au moment de sa parution. Il s’agit de « La Lune seule le sait » de Johan Heliot. C’est l’occasion de se poser la question : existe-t-il, et même peut-il exister une Science Fiction marxiste de qualité ?

Ce roman appartient au sous-genre dit « Steampunk ». Il s’agit de récits se passant en général au 19ème siècle en pleine révolution industrielle et donnant souvent matière à des histoires alternatives. Il y a eu de grandes réussites comme « Les voies d’Anubis » de Tim Powers (J’ai lu, 1986) et « Les aventures uchroniques d’Oswald Bastaple » de Michael Moorcock (OPTA, 1982).

L’action de « La Lune seule le sait » se passe en 1899, année qui marque l’apogée de l’Empire français de Napoléon III. Car l’histoire a bifurqué en 1870 : cette année-là, les Français ont gagné la bataille de Sedan et en 1889, des extraterrestres, les Ishkiss, sont arrivés sur Terre et se sont alliés à l’empire français. Ils ont échangé quelques-unes de leurs connaissances contre l’aide des ingénieurs français afin de soigner leurs vaisseaux qui sont à la fois des machines et des êtres vivants.
Les opposants au régime sont exilés sur la lune dans un bagne appelé « l’Enfer de Dante ». Le personnage principal du livre n’est autre que l’écrivain Jules Verne envoyé sur la Lune pour le compte de l’exilé Babiroussa (Victor Hugo) afin de contacter la célèbre communarde Louise Michel, peut-être encore vivante. Le but est de préparer la révolte à la fois sur Terre et sur la Lune...
Jules Verne naturellement réussira dans son projet et s’alliera même avec les extraterrestres. L’Empereur sera assassiné et les bagnards feront la révolution.

Le récit est bien mené et intéressant. Le style est simple et clair.

En revanche l’idéologie politique est, disons, particulière, Johan Heliot s’en explique dans sa postface. Après une explication assez pénible visant à expliquer que les Français savent faire du Steampunk aussi bien que les anglo-saxons, (5) il nous explique que le régime soviétique a « dérivé » sous Staline et ses idéaux sont toujours ceux des révolutionnaires marxistes.

Point essentiel du roman, il ne donne AUCUN détail sur l’organisation de la nouvelle société lunaire. Nous ne saurons rien de ce qui se passe quand les révolutionnaires prennent le pouvoir. Tout au plus, apprendrons-nous que les prisonniers « impériaux » seront condamnés au bagne pour une durée variant en fonction de la gravité de leurs crimes. Sinon, comment les conflits sont-ils résolus ? Qui dirige réellement ? Rien, nothing, nada. Frustrant !
Il n’y a donc pas d’utopie dans ce roman, juste un message idéologique visant à faire croire que la Révolution, c’est bien. Nous sommes en pleine pensée magique et superstitieuse. Le réel, même fictif, n’a pas d’intérêt, ce qui compte, c’est le bourrage de crâne. Coup de pied de l’âne, le jeune Adolf Hitler fait une courte apparition dans l’épilogue : il prend à parti dans un café les habitants révolutionnaires de la Lune. Au cas où on n’aurait pas compris le message, il faut être fasciste ou nazi pour être opposé à la Révolution ! (6)
Cette idéologie pro-révolutionnaire est tellement présente aujourd’hui en France que ce roman a été couvert d’éloges à sa sortie. Tous les magazines parlant de Science Fiction lui ont fait une place d’honneur. (7)

Comme il est quand même difficile de « vendre » de nos jours la révolution russe de 1917, ou plutôt le coup d’état bolchevique de 1917, Johan Heliot se sert de ce qui reste du mythe : la Commune de Paris de 1870. Les Communards ayant été vaincus, il est facile de leur prêter toutes les qualités (8). Les trotskistes utilisent le même procédé pour faire croire que Trotski était un grand humaniste puisqu’il s’est opposé au criminel Staline. Ce qu’ils ne disent pas évidemment, c’est que Trotski était plus extrémiste et que s’il avait pris le pouvoir, il aurait peut-être fait encore plus de victimes que Staline.

Le moins contestable dans ce roman ? L’illustration de couverture !

Sylvain

(1) Voir par exemple un livre qui a marqué son époque :
« Pourquoi j’ai tué Jules Verne » de Bernard Blanc (Ed. Stock, 1978).
(2) Juste deux exemples : Harry Harrisson : « Soleil
vert » (Presses Pocket, 1975) et Philip Wylie : « La fin du rêve » (Ed. OPTA, 1976 et Le Livre de Poche, 1980).
(3) Voir par exemple : Ivan Efremov : « La nébuleuse d’Andromède » (roman datant de 1957).
(4) Par exemple les anthologies « Ciel lourd, béton froid » et
« Planète socialiste » parues chez Kesselring en 1977.
(5) Une fois de plus, on constate que l’idéologie socialiste fait très bon ménage avec le nationalisme.
(6) Je recommande à ce stade la lecture du chapitre 37 « La révolution, c’est vraiment l’enfer ! » de « Vers une société sans Etat » de David Friedman (Ed. Les Belles Lettres, 1991).
(7) Voir par exemple la chronique de Pierre Stolze dans Bifrost n°22 (avril 2001, page 91-93) mais Johan Heliot a eu aussi les honneurs de « Science-Fiction Magazine » notamment et même de « Casus Belli ».
(8) A propos de cet épisode de l'histoire de France on lira avec profit le chapitre 9 du livre de Jean Sévillia "Historiquement correct", chapitre consacré à la Commune de 1871 (Edition Perrin, 2003).

Réponse de l'auteur (12 mai 2003) :

"Effectivement ! Je suis toujours surpris de découvrir ce genre d'analyses, qui prêtent à l'auteur beaucoup plus d'ambitions, d'intentions et même d'intelligence qu'il n'y en a généralement à la base d'un projet de roman, analyse qui reflète le plus souvent les obsessions du lecteur - mais, là encore, je peux me tromper ! Surtout, vous prêtez me semble-t-il beaucoup
trop d'importante et d'influence à la "pensée marxiste" dans notre société - je ne sache pas que les pouvoirs soient actuellement détenus par des tenants de l'extrême gauche, ni qu'ils l'aient jamais été !! Et jusque dans le milieu de la SF, je vous garantis que la gauche extrême est très peu présente, il n'y a donc pas eu enthousiasme général pour ce roman en raison d'un positionnement politique (pour tout vous dire, j'ai même eu droit aux éloges de pas mal de critiques - fans bien ancrés à droite de l'échiquier politique) : comme partout, le conservatisme y a de beaux jours devant lui...

Cordialement quand même,

Ben oui...

Johan Heliot."


Réponse à la réponse (extrait):

(...)
j’aimerais vous faire part de quelques réflexions qui me sont venues à la lecture de votre message.

Il me semble que le fandom français est très majoritairement de gauche. Je crois me souvenir que vous avez vous-même reconnu dans un entretien paru dans « Science Fiction Magazine » me semble-t-il qu’on y rencontrait des « activistes ». Je pense à Stéphane Nicot par exemple qui est militant de la LCR et à Pierre Stolze par exemple. Ne vous méprenez pas, je suis pour la liberté totale d’opinion, ce n’est pas un problème !

Pour revenir à « La Lune seule le sait », je ne pense pas avoir inventé en tout cas les positions marxistes que je vous attribue, la postface est très claire.

D’un point de vue plus général, pour un libéral/libertarien comme moi, les « socialistes » (au sens large, c’est-à-dire, tous les gens qui veulent « améliorer » la société dans un sens collectiviste, de l’extrême-gauche et des anarchistes au démocrates-sociaux) et les conservateurs (qui ont peur de ces changements mais sont incapables de s’y opposer faute d’une pensée et d’une réflexion sérieuse, de l’extrême-droite au centre mou) partagent une même idéologie caractérisée notamment par le culte de l’Etat et l’idée que les élites politiques savent mieux que le peuple ce qui est bon pour lui.
Avez-vous lu le texte de Friedrich Hayek « Pourquoi je ne suis pas un conservateur » ? C’est très éclairant.
Il n’est donc pas surprenant me semble-t-il que des personnes « de droite » ou ayant des idées « conservatrices » aient apprécié votre roman et les idées qu’il véhicule. Je vous avoue cependant que ce qui m’a le plus déçu, c’est de rien savoir de la nouvelle société « lunatique ». Pour moi, le fond du problème est là. Souhaiter une société meilleure me semble tout à fait légitime mais on aimerait avoir des détails. En fait, je suis persuadé que vous-même ne voudriez pas vivre dans une société qui appliquerait réellement les idées trotskistes par exemple.

Aujourd’hui en France, l’extrême-gauche politique n’est certes pas au pouvoir, mais les idées collectivistes sont plus que jamais au coeur des projets politiques de tous les partis. Entre le PS et l’extrême-gauche, je vois une différence de degré mais certainement pas une opposition idéologique. Quant aux partis de droite, ils ont tellement peur de déplaire à la gauche qu’aucune réforme digne de ce nom n’est entamée. Avez-vous lu « Un bilan économique : un an après la réélection de Chirac » par Pascal Salin ?

Les exemples récents des 35 heures et des retraites sont très intéressants. L’Etat, qu’il soit tenu par des hommes politiques de droite ou de gauche se donne le droit de décider de la vie des gens à leur place et sans leur demander leur avis. Et si les gens décidaient eux-mêmes de la durée de leur temps de travail ? Et si les gens décidaient eux-mêmes de l’âge de leur départ à la retraite ? Qu’en pensez-vous ?
En ce début de 21ème siècle, la liberté est toujours et plus que jamais une valeur subversive.

Bien cordialement,

Sylvain Gay

 

 
   
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